SOPHIE CALLE ET LE MONDE DE L'INTIME
Sophie Calle, née à Paris le , est une artiste plasticienne, photographe, femme de lettres et réalisatrice française.
Sous la forme d’installations, de photographies, de récits, de vidéos et de films, Sophie Calle met sa vie au service de son art. Elle se sert notamment des moments les plus intimes pour en tirer une oeuvre.
"La ligne de partage entre l’art et la vie doit être conservée aussi fluide, et peut être indécelable, que possible"
L'art de Sophie Calle joue pile entre l'intimité et l'intrusion. Son regard curieux et observateur posé sur de multiples cobayes artistiques interroge les moeurs. L'aspect voyeuriste de ses oeuvres se transpose à notre regard lui-même curieux de son travail, tentant de déchiffrer l'ambiguité qui s'y trouve.
Ne vous-êtes vous jamais demandé qui était passé dans votre chambre d'hôtel la veille ? Où allait cette même personne qui tous les matins prenait le même bus que vous ? La suivre vous êtes peut-être même venu à l'esprit ? Moi ? Non, jamais !
De même, rentrer pour la première fois chez quelqu'un peut être source d'émerveillement constant. Quelle énergie, quelle odeur s'en émane, quelles céréales aiment-elles manger, quels livres lis-t-elle, quels tableaux a-t-elle affichés ?
Que de détails...
LA FILATURE
" Suite Vénitienne " (1980)
"Je ne voulais pas retrouver mon ancien univers, mais je ne connaissais rien au Paris nocturne, au Paris des restaurants, des sorties. J’étais perdue, déprimée. Je n’avais pas d’amis. (...) Mais il fallait trouver quelque chose à faire. J’ai commencé par suivre des gens dans la rue. Je me suis aperçue que cela donnait une direction à mes promenades. Je me disais que j’allais découvrir des lieux, des restaurants, que je ne connaissais pas.
C’était une manière de me laisser porter par l’énergie des autres, de les laisser décider de mes trajets pour moi.
Et de ne pas avoir à prendre de décisions, sans pour autant rester cloîtrée chez moi. Circuler, découvrir ma ville. (...) j’ai commencé par prendre des clichés des gens de dos. J’ai ensuite noté leurs déplacements. (...) Il y avait les photos, les textes, - contrôler, perdre le contrôle, combler un manque d’émotions, en m’attachant ne serait-ce qu’une demi-heure à quelqu’un ".
Se laisser porter par les pas de quelqu'un d'autre, flâner au rythme de son humeur...
A la manière d'un espion, d'un détective, l’acte de filer des étrangers dans la rue et de les photographier joue un rôle important dans quelques-unes des histoires autobiographiques et même autofictionnelles de Sophie Calle.
En 1980, Sophie entreprend de suivre un homme de Paris jusqu'à Venise.
Une relation imaginaire s'établit entre elle et cet inconnu, à qui rien ne la relie.
"Je ne dois pas oublier que je n’éprouve aucun sentiment amoureux pour Henri B.
Ces symptômes, l’impatience avec laquelle j’attends sa venue, la peur de cette rencontre, ne m’appartiennent pas en propre "
Cet inconnu finit d'ailleurs par s'en rendre compte.
« L’Hôtel » (1981)
Plus tard, Sophie Calle s'improvise femme de ménage et envahit l'espace personnel des voyageurs de passages.
à suivre...
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